Exode

Performance 25.06.2019,Cité Internationale Universitaire, Paris.

Ces jours-ci je rêvais d’un temple de fraîcheur, je voulais rejoindre la cime des arbres et vivre à l’ombre des feuilles. L’iguane allait retrouver son habitat. Tel un pèlerinage que je m’étais fixé, il allait rejoindre les arbres.

C’était un jour de canicule, le latex fondait avec la chaleur et mon costume était davantage un poids plutôt qu’une deuxième peau.

Je commençai à ramper, la sueur ruisselait sous mon masque. Je déambulai parmi un méandre de couloirs et escaliers à la recherche d’une sortie. Au bout de cette errance labyrinthique, une rampe surplombait le hall. Sur ces hauteurs silencieuses, je me posai, tout en me liant d’amitié avec le vide.

Avancer… Rejoindre l’arbre.

Je traversai la porte qui séparait l’intérieur de l’extérieur et un vent frais m’enveloppa le corps.

Dehors, une étendue découverte m’attendait.

Il n’y avait que quelques buissons pour se cacher, aussi je me résignai à avancer à travers cette étendue désolée, à la merci des prédateurs et des humains.

La chaleur exténuante me forçait à m’arrêter à maintes reprises.

S’arrêter pour mieux avancer…

Je m’allongeai la tête vers le haut, concentrée sur les courants d’air qui me caressaient. Un chien vint me réveiller de ma somnolence, il aboyait nerveusement au moindre de mes gestes et cherchait à m’effrayer tout en me fuyant. C’était une piqûre de rappel à mon incarnation animale.

Ramper encore, sur le gazon, les cailloux, le béton…

Avancer jusqu’à l’Eden, avancer malgré la fatigue, les aspérités, les rencontres incongrues.

Fuir.

Exode.

L’iguane

Iguane déchu #2

Crédits photo (c) Luo Jian

Cette performance a eu lieu au colloque Critical Companies le 6 décembre 2017.

Au sein de l’amphithéâtre Bachelard de la Sorbonne, dont les sièges des auditeurs sont disposés en arc de cercle, tel que le veut la tradition, l’artiste revêtue d’un costume d’iguane, se balade entre le public. Tantôt, l’iguane marche sur leurs affaires, tantôt elle les contourne, s’arrête, se pose. Elle passe devant le public, traverse l’orateur. L’espace, dont la disposition originale est soigneusement étudiée et prévue à l’écoute, devient un terrain accidenté. Les tables deviennent des passages, la circulation s’ouvre à des nou- veaux chemins. Une toute nouvelle topologie s’offre à l’iguane.

L’iguane impose une dimension étrangère à ce colloque. Le colloque est un échange de parole soigneusement orchestré entre une élite intellectuel. Il se voit bouleversé par cette présence silencieuse, à la fois discrète et envahissante. Et en même temps, cette présence rappelle l’existence de ceux qui ne parlent pas. Elle redonne de la valeur à ceux qui ne parlent pas, aux animaux. Elle est le début d’une série de performances au sein de colloques et de conférences.

 

Liens de l’événement:

http://www.institut-acte.cnrs.fr/art-flux/2017/12/04/critical-companies/

https://www.facebook.com/events/225600214646753/

Nostalgie du paradis perdu 2014

Nostalgie du Paradis Perdu
© 2014

La nostalgie est un sentiment très fort qui nous fait idéaliser ce qui nous manque et reconstruire des souvenirs. De mes jeunes années, marquées par des déménagements fréquents entre la France et l’Amérique latine, j’ai gardé une nostalgie omniprésente. L’Amérique latine est un continent lui aussi marqué d’une nostalgie, la nostalgie de la civilisation pré-colombine qui a été massacrée en grande partie et avec, ses croyances ont été emportées, laissant libre cours aux assertions et à l’imagination.

Un endroit m’a particulièrement marqué, le Pantanal. De cette région, j’ai gardé des souvenirs très forts, de ces animaux, ces caïmans entassés partout, ces oiseaux de la taille d’un enfant, ces grands perroquets aux couleurs enivrantes. Pour réaliser ce projet je suis donc revenue dans cette terre.

Je souhaitais réaliser une utopie composée de scènes qui mélangent hommes et animaux en harmonie. Les poses sont inspirées du romantisme car elles véhiculent l’idée de luxe, calme et volupté. Cette civilisation utopique a ses propres parures et maquillages. Ainsi, le maquillage tribal, est une abstraction de la faune et la flore environnante.

Aucun montage photo n’a été utilisé pour réaliser ces photographies, Il m’a donc fallu étudier les comportements de chacun des animaux présents et leurs habitudes pour être capable de les trouver et de les approcher le jour du shooting.

L’installation récrée le cabinet de curiosité d’un alchimiste. Les objets présentés, aussi utilisés pour les photographies rendent l’expédition palpable. Des notes reproduisent celles d’un voyageur qui étudie les faits découverts. L’alchimiste est une personne qui voit le monde dans sa totalité, qui perçoit les interactions entre les phénomènes naturels et la vie des personnes, avec une touche poétique.

Ce projet reflète la nostalgie d’une nature sauvage, de la découverte de mondes merveilleux et des grandes expéditions.